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LA FOIRE AUX BIZARRERIES DU TOUR CHAMPIONSHIP

20 AUG 2019

Le Circuit de la PGA tente depuis des années de fignoler la formule de la Coupe FedEx et du Championnat du Circuit. On a peut-être trouvé la solution pour la finale de cette semaine à East Lake. Il reste cependant quelques anomalies à régler.

Par Peter Mumford

En date du dimanche précédant le Championnat du TOUR, Justin Thomas avait une avance de deux coups sur Patrick Cantlay, même si aucun des deux golfeurs n’avait encore joué un seul coup.

Si ça vous semble étrange, ce n’est qu’un début. Les éliminatoires de la Coupe FedEx et sa finale, le Tour Championship, ont encore une fois fait l’objet d’un remaniement visant à créer une grande finale excitante à la saison 2018-2019 et à couronner un seul champion qui le mérite. C’était déjà étrange, par le passé, de voir un joueur remporter le Championnat du Circuit tandis qu’un autre gagnait la Coupe FedEx et la prime faramineuse qui l’accompagne. L’année dernière, Tiger Woods a fait vibrer ses admirateurs avec sa première victoire en plus de cinq ans, mais c’est Justin Rose qui a récolté la bourse de 10 millions de dollars.

Cette année, les responsables du PGA TOUR pensent avoir trouvé la solution: celui qui remporte le Tour Championship gagne aussi la Coupe FedEx. Et pour ajouter un peu de piquant à la chose, on a augmenté le boni à 15 millions de dollars.

Une bonne idée?

Pas sûr. La formule du Championnat du TOUR classe maintenant le top 30 des golfeurs après les éliminatoires de la Coupe FedEx (le Tournoi Northern Trust et le Championnat BMW) dans l’ordre final des points accumulés en saison réglementaire et aux éliminatoires de la coupe. Justin Thomas est celui qui a le plus de points et il se présente au Tour Championship à -10. Le reste du tableau, derrière Thomas, se présente comme suit:

-10 Justin Thomas

-8 Patrick Cantlay

-7 Brooks Koepka

-6 Patrick Reed

-5 Rory McIlroy

-4 Jon Rahm, Matt Kuchar, Xander Schauffele, Webb Simpson, Abraham Ancer

-3 Gary Woodland, Tony Finau, Adam Scott, Dustin Johnson, Hideki Matsuyama

-2 Paul Casey, Justin Rose, Brandt Snedeker, Rickie Fowler, Kevin Kisner

-1 Marc Leishman, Tommy Fleetwood, Corey Conners, Sungjae Im, Chez Reavie

Normale Bryson DeChambeau, Louis Oosthuizen, Charles Howell, Lucas Glover, Jason Kokrak

Bizarrerie no 1

À l’exception des tournois amateurs où l’on accorde des coups de handicap aux moins bons participants, il est plutôt normal de voir tous les joueurs démarrer sur un même pied d’égalité. Mais dans ce cas-ci, ce sont les meilleurs golfeurs qui ont un avantage au départ. Concept difficile à saisir. C’est un peu comme permettre à Usain Bolt de s’élancer dans la course aux 100 mètres avec 10 mètres d’avance sur les autres pour voir si quelqu’un peut le rattraper.

Les gens du Circuit de la PGA ont essayé très fort, pendant des décennies, de trouver une formule qui donnerait du sens à la saison réglementaire. Ils veulent récompenser la constance, ce qui se traduit aussi par un plus grand nombre de tournois à jouer. Quand arrivent les éliminatoires, ils veulent que ces mêmes golfeurs ayant fait preuve de constance en saison aient un avantage et, idéalement, que l’un d’eux gagne aussi le gros lot, mais la formule ne donnait jamais les résultats escomptés.  

Parfois, un golfeur ayant connu une saison médiocre parvient quand même à se classer de justesse dans le top 125 pour faire les séries éliminatoires. Et là, il décolle – comme l’a fait Camilo Villegas en 2008 quand il a remporté les deux derniers tournois éliminatoires et a presque empêché Vijay Singh de gagner la bourse de la Coupe FedEx. Le TOUR n’aime pas avoir deux gagnants, c’est mêlant…

Donc, il ne devrait y avoir qu’un seul vainqueur, n’est-ce pas?

Bizarrerie no 2

On a vu ci-dessus que Justin Thomas prend le départ à -10 et que le pauvre Lucas Glover débute à égalité avec la normale. Si Thomas arrive à conserver son avance et terminer te tournoi à -15 alors que Glover clôture à -14 cette fin de semaine, Thomas gagne, évidemment. Mais comment est-ce possible si Glover joue 14 coups sous la normale et écrase Thomas par neuf coups de mieux que ce dernier en quatre jours.

Le vainqueur du Championnat du Circuit recevra d’autres récompenses, en plus du fameux boni de 15 millions de dollars. Il obtiendra automatiquement sa place au tableau du Tournoi des Champions Sentry 2020, et son gain ce week-end sera compté comme une victoire officielle du PGA TOUR même s’il le joue pas le meilleur score de la semaine.

Bizarrerie no 3

Malgré tout le brouhaha entourant la nouvelle formule et l’unique gagnant, le circuit devra tenir un tableau d’affichage distinct pour la semaine afin de déterminer les meilleurs scores sans l’avantage de départ. Ceci parce que le Classement officiel du golf mondial ne donne pas de points fondés sur un système ad hoc, mais seulement sur le meilleur score de la semaine.

Au moment d’écrire ces lignes, je ne sais pas encore si les télédiffuseurs montreront ce tableau alternatif ni si l’animateur de NBC Steve Sands sortira son fidèle tableau blanc pour illustrer ce qui se passe, mais avouez que c’est une autre étrangeté qui brouille un peu les cartes.

Bizarrerie no 4

Thomas, Cantlay, Brooks Koepka et quelques autres golfeurs ont attiré leur part d’attention grâce à leur excellent jeu aux éliminatoires. Cependant, le tableau du Tour Championship est peut-être plus remarquable pour les noms qui n’y apparaissent pas. Phil Mickelson a conclu une saison sans éclat avec des éliminatoires aussi peu reluisantes et n’est pas rendu à East Lake. Pas plus que les anciens champions de la Coupe FedEx Henrik Stenson, Jim Furyk et Billy Horschel. Jordan Spieth, qui peine toujours à retrouver sa constance au jeu, n’a pas réussi à en trouver assez pour passer la barre du top 30, alors que le champion de l’Omnium britannique Shane Lowry y est parvenu, lui, mais il a laissé assez de joueurs le dépasser pour se retrouver à la maison, cette fin de semaine, à regarder le championnat à la télé, en se réconfortant peut-être avec un pichet de bordeaux.

Et comme d’habitude, tout un battage a entouré l’éventualité d’une présence du champion en titre Tiger Woods. Après sa victoire au Masters en avril, Tiger a eu l’air fatigué et mal préparé. Sa performance courageuse au Championnat BMW n’a pas suffi à le faire monter au tableau, et il regardera le tournoi de cette semaine à bord de son yacht ou dans son restaurant, ou à la maison, sans doute pour évaluer les golfeurs à prendre en considération comme choix du capitaine en vue de la Coupe des Présidents qui s’en vient.

Bizarrerie no 5

On ne devrait jamais se dire qu’il y en a qui ne se forcent même pas, mais quand vous partez du dernier rang et essayez de regagner 10 coups de retard en quatre jours, la tâche peut sembler aussi colossale que décourageante. La bonne nouvelle est que, même si vous terminez au dernier rang OU êtes disqualifié OU déclarez forfait pour cause de blessure, vous recevez quand même une prime de 395 000$. Un assez bon salaire pour jouer perdant.

Difficile de choisir un vainqueur pour le Championnat du Circuit. Thomas débute avec une avance d’au moins cinq coups sur 25 des 30 joueurs, mais deux des golfeurs qui peuvent très bien le rattraper sont Koepka et McIlroy. Je ne dis pas cela pour écarter les efforts de Cantlay et Reed qui complètent le top 5 des partants, j’ai de la difficulté à parier contre la troïka de Justin, Brooks et Rory.

Enfin, bien sûr, tous les Canadiens vont prendre pour Corey Conners, qui a transformé sa qualification du lundi à l’Omnium Valero du Texas en l’une des meilleures saisons de tous les temps pour un golfeur canadien. Et si vous cherchez un autre outsider prometteur, pensez aussi à Hideki Matsuyama. Il prend le départ à 7 coups du meneur, mais il a joué deux rondes de 63 à Medinah la semaine dernière, ce qui était le record du parcours avant que Thomas le fracasse avec un 61 samedi.

Somme toute, le Tour Championship s’annonce comme un tournoi excitant, peut-être un peu bizarre, mais captivant à coup sûr.

Peter Mumford est le rédacteur en chef de Fairways Magazine. Suivez-le sur Twitter @FairwaysMag.