Menu Bascule

Mes nouvelles

Réussir sur le Circuit de la PGA

18 SEP 2019

Le succès s’incarne de diverses façons pour les golfeurs professionnels. Il peut se traduire par un jet privé, un gros compte en banque et une vie de luxe. Ou il peut se résumer à garder sa carte du circuit d’une année à l’autre.

Par Peter Mumford

Jimmy Walker est un gros bon à rien!

Vrai ou faux?

Ça dépend du point de vue. Outre le fait que Walker n’est pas gros – en réalité, il est plutôt élancé –, le golfeur de 40 ans originaire d’Oklahoma City a réussi à se tailler une assez belle carrière. En 12 ans sur le PGA TOUR, il a inscrit 6 victoires, dont le Championnat de la PGA en 2016, joué sur l’équipe américaine de deux éditions de la Coupe Ryder et d’une Coupe des Présidents, représenté les États-Unis à la Coupe du Monde et accumulé des gains de plus de 25 millions de dollars.

Mais au terme de la saison qui vient de se terminer, l’ancien champion de tournoi majeur N’AVAIT PAS récolté assez de points en Coupe FedEx ni assez d’argent pour rester dans la catégorie cruciale des exemptés en cette saison qui commence. Walker a terminé au 158e rang des points pour la Coupe FedEx (159e aux gains financiers officiels), loin derrière le top 125. Il a quand même gagné 590 000$, mais c’est le prix de l’échec sur le Circuit de la PGA.

Avant d’organiser un gala-bénéfice pour Walker, toutefois, sachez qu’il détient une exemption pour encore deux ans en vertu de sa victoire majeure de 2016.

Entre autres ratés notables de la saison 2019, il y a des champions majeurs comme Martin Kaymer, Zach Johnson et Stewart Cink, de même que Luke Donald qui, il n’y a pas si longtemps, a tenu le 1er rang mondial pendant 40 semaines d’affilée. Se retrouvent dans ce «fond du baril» des golfeurs ayant de nombreuses victoires à leur actif et d’autres qui ont connu d’immenses succès outre-mer. Mais en cette époque d’instantanéité, où tout ce qui compte est le résultat du moment, ce sont tous des exclus.

Quelqu’un a déjà dit que le succès est relatif, et dans le monde du golf professionnel, c’est particulièrement vrai. Le Canadien Nick Taylor a gagné 892 663$, au 125e rang du palmarès des gains, la saison dernière et a pu garder sa carte. La plupart des gens diront que c’est une saison assez réussie. Rory McIlroy a empoché plus de 22 millions de dollars sur le Circuit de la PGA et on ne sait trop combien il en a fait de plus en commandites et autres engagements. Il a, lui aussi, connu une bonne saison.

Mais l’un voyage en jet privé, l’autre vole en avion de ligne.

L’argent n’est pas la seule mesure du succès sur le TOUR. Même si Taylor doit se presser pour ne pas rater son vol vers la prochaine escale du circuit dimanche soir, au moins, il jouera quelque part. Il a son laissez-passer. De nombreux joueurs sans exemption tenteront de se qualifier lundi pour ce tournoi ou tâcheront de peaufiner leur jeu sur le Circuit Korn Ferry, ou encore ils seront à la maison toute la semaine pour écrire des lettres à des directeurs de tournois ou commanditaires dans l’espoir d’obtenir une invitation spéciale.

Il y a tellement de façons de définir le succès sur le Circuit de la PGA que c’est difficile de toutes les décrire. Parmi les joueurs, il existe une sorte de hiérarchie informelle basée sur les victoires: les vainqueurs et les non-vainqueurs. Les finales dans le top 10 sont bonnes pour le compte de banque, mais s’approcher de la tête, ça ne compte qu’au jeu de fers et pour la mauvaise haleine. Quand un golfeur remporte son premier tournoi, sa cote grimpe auprès de ses concurrents. C’est un gagnant du PGA TOUR.

Bien sûr, ce n’est que le premier échelon. Plus haut viennent les joueurs aux multiples victoires et titres WGC, puis une victoire majeure, plusieurs titres majeurs et un jour, peut-être, l’intronisation au Temple de la renommée du golf. McIlroy est assuré d’entrer au Temple de la renommée du golf mondial avec ses quatre titres majeurs et 16 victoires sur le Circuit de la PGA; Taylor tâche encore de remporter une seconde victoire. Mais tous deux sont des gagnants du PGA TOUR.

Par ailleurs, comme on l’a vu avec Walker, il y a le succès en carrière et le succès du moment. La dernière saison de Walker n’était pas à la hauteur des critères du Circuit de la PGA et sans dout pas à la hauteur de ses propres critères. Le succès actuel est essentiel pour garder son air d’aller. C’est ce qui détermine quand et où le golfeur va jouer.

Les joueurs du top 125 en 2019 ont un laissez-passer complet pour toutes les escales régulières du PGA TOUR en saison 2019-2020. Mais ça ne leur donnera pas nécessairement une invitation au Memorial, au Tournoi des Maîtres ou aux évènements WGC. Ils ont besoin de leurs points FedEx de cette année, de leur classement mondial, de leur statut d’ancien champion ou d’un hochement de tête de Jack Nicklaus. Malgré le fait qu’il a terminé sa saison au 158e rang des points FedEx, Walker pourra quand même participer à presque tous les tournois qu’il voudra, y compris les quatre majeurs, grâce à sa victoire de 2016 au Championnat de la PGA. D’un autre côté, Tom Hoge, classé juste derrière Walker, devra se défoncer au jeu à chaque occasion qui lui sera donnée simplement pour se hisser au classement de 2020 et se qualifier en vue des tournois à venir.

Il est intéressant de noter que Hoge a terminé deuxième la semaine dernière au Military Tribute at the Greenbrier. Un top 10 à un tournoi donne au golfeur le droit de jouer à l’évènement suivant, à moins qu’il ne s’agisse d’un tournoi majeur, WGC ou sur invitation. Hoge se servira donc de son succès actuel comme tremplin pour prendre le départ cette semaine au Championnat Sanderson Farms. Nick Taylor y sera en vertu de son exemption et à titre d’ancien champion. Jimmy Walker est aussi inscrit au tableau de compétition. McIlroy n’y sera pas.

Bien des gens, moi y compris, aiment bien critiquer le calendrier du Circuit de la PGA parce qu’il commence en fin d’année et se poursuit la suivante. On aimerait mieux qu’il y ait une vraie saison morte de quelques mois sans golf. La pause actuelle de deux semaines laisse à peine le temps aux amateurs et aux joueurs de reprendre leur souffle.

Il y a cependant nombre de golfeurs professionnels qui adorent le calendrier d’automne et qui en ont même besoin pour connaître un peu de succès à court terme sur le circuit. En clôturant au second rang la semaine dernière, Hoge s’est mis en situation de pouvoir bien jouer jusqu’au début de 2020. Et les 300 points FedEx qu’il a mérités pourraient aussi lui valoir quelques invitations.

Joaquim Niemann, qui a remporté le premier tournoi de la saison 2019-2020, détenait déjà une exemption statutaire en étant classé dans le top 125, mais sa victoire lui vaut une invitation à Augusta, à tous les tournois WGC et au très sélectif Tournoi des Champions Sentry à Hawaii. McIlroy, Brooks Koepka et autres golfeurs d’élite dont les succès du passé leur permettent de jouer partout où ils veulent seront absents presque tout l’automne et ne se remettront sérieusement au jeu qu’en janvier.

Il y a 11 tournois d’automne. À l’exception du tournoi WGC-HSBC Champions à Shanghai qui mettra en vedette l’élite du golf, ils présentent tous des joueurs en quête de succès tôt en saison dans l’espoir de glaner assez de points pour être invités à la fête quand les gros calibres reviendront au jeu. Pour eux, le calendrier d’automne est un passage critique obligé.

D’une certaine manière, le calendrier d’automne est l’équivalent de la saison préparatoire à d’autres sports. Bien que les bourses et les points soient officiellement comptés, l’on y voit des joueurs qu’on ne reconnaîtrait même pas dans la rue. Certains d’entre eux auront même leur moment de gloire à la télé et l’on écrira des articles à leur sujet. La majorité des amateurs de golf attendront janvier pour revenir au poste, mais s’ils font ça, ils manqueront certaines des compétitions les plus déchirantes de l’année, où des golfeurs tentent désespérément de cocher leur première victoire, d’assurer leur statut pour l’année ou de se placer temporairement sur le Circuit de la PGA.

Certains réussiront, d’autres pas. Dans l’ensemble, c’est un recueil d’histoires fascinantes.

Peter Mumford est rédacteur en chef de Fairways Magazine. Suivez-le sur Twitter @FairwaysMag.