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FAITES VITE POUR RÉGLER LE JEU RALENTI

13 AUG 2019

Bryson DeChambeau en surdose de données.

Ça aurait pu arriver au baseball il y a quelque temps. Les joueurs de baseball disposent de trop d’information depuis un bon moment déjà. Un lanceur aurait pu recueillir tous les renseignements à propos de tous les frappeurs et écrire un livre sur chacun décrivant leurs tendances à chaque élan après une balle, une prise ou une fausse balle en fonction du nombre de joueurs sortis du jeu, divisé par le nombre de coureurs sur les buts, en extrapolant à partir de la manche où est rendu le match, tout cela selon que son équipe est en train de perdre ou de gagner. Le baseball a réussi jusqu’ici à éviter cet insondable terrier de lapin, mais le golf professionnel pourrait bien être en voie de s’y précipiter, et plus vite qu’on pense.

Le baseball et le golf se ressemblent beaucoup sur un point crucial. Ce ne sont pas des sports d’équipes actives qui jouent une partie ininterrompue et réagissent les unes aux autres à la volée. La balle de golf repose là où elle est jusqu’à ce que vous ayez la volonté personnelle de la frapper. Les coureurs sur les buts et le frappeur dans sa boîte ne peuvent rien faire tant que le lanceur n’a pas décidé de lancer la balle.

Le hockey possède une fluidité d’équipe où les joueurs réagissent à la volée. Il en va de même pour le soccer et le basketball, et c’est en grande partie pareil pour le football nord-américain. Même les sports «individuels» comme le tennis ont une action réactive aller-retour. Pas le golf. Il n’y a pas d’échappée à décoder ni de passe à intercepter au golf. Il n’en tient qu’à chacun de lever son bâton vers l’arrière et de frapper la balle d’un bon élan. Ou de penser à frapper la balle, et d’y penser encore un peu…

Nous devons nous assurer que ça n’empire pas, mais il semble que ce soit le cas. Nous en avons vu un parfait exemple dans cette vidéo de 2 minutes 20 secondes montrant Bryson s’apprêtant à frapper un coup roulé cette fin de semaine. Ce n’est vraiment pas agréable de regarder un tel spectacle d’autosatisfaction. Peu importe combien il rattrape son temps perdu en marchant très vite entre chaque coup, c’est tout simplement déplaisant pour tout le monde, on le voit dans le langage corporel de ses partenaires de jeu qui devaient se retenir de hurler à pleins poumons.

Je ne pense pas, cependant, que ça peut devenir un problème pour les golfeurs comme vous et moi – nous n’avons pas la capacité d’exécuter ce genre de coup en mâchouillant une quantité excessive d’information, alors on ne fait que gruger le temps d’une ronde avec trois coups du tertre au vert, la recherche des balles égarées dans les buissons, etc. Mais sur les circuits professionnels, le problème n’en est pas moins troublant.

Le golf a toujours eu une dimension mouton-berger. On suivait les golfeurs de l’élite, tâchant de faire comme eux. On frappe avec les bâtons qu’ils utilisent et on joue les balles comme ces pros nous disent de le faire, et on rêve de jouer sur les terrains qu’ils fréquentent. Après tout, ce sont les maîtres du jeu, ils savent ce qu’ils font. Mais de nos jours, avec tous ces renseignements dont ils disposent, comme les manuels de distances rehaussés, les carnets d’analyse des verts et toutes les autres sources d’information, ils entrent dans une «sphère de données» où non seulement on ne peut pas les suivre, mais pire, dont on se fout complètement.

Ce n’est pas la bonne voie et la question devrait être abordée sérieusement par les circuits et les joueurs. J’espère qu’ils vont faire vite!