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Les bâtons hybrides, plus anciens qu’on pense

21 NOV 2018

Par Peter Mumford 

C’est le moment de l’année où bien des golfeurs font le bilan de leurs cartes de score de la saison précédente et cherchent des solutions pour s’améliorer la saison prochaine.

Mon conseil: si vous vous demandez pourquoi vous n’avez pas joué aussi bien que vous l’espériez, l’été dernier, blâmez votre équipement. C’est ce que font les pros quand ils frappent mal. Ils ne pensent jamais que c’est leur faute. Ils examinent leur bâton, donnent quelques coups au sol pour voir si la tête est bien fixée. Ils vont parfois s’en prendre à leur cadet, mais la plupart du temps, c’est à cause du bâton.

À l’époque où Angus et Struan claquaient leurs balles de cuir sur les Highlands d’Écosse, le blâme pour les mauvais coups incombait effectivement aux bâtons. Fabriqués à la main par des artisans locaux, ils ne faisaient l’objet d’aucun contrôle de qualité et il n’était pas rare qu’un bâton de golf perde la tête.  

Un des bâtons les plus populaires, dans ce temps-là, était le baffie (ou baffing spoon), un bâton à tête de bois qui serait l’équivalent d’un hybride de nos jours. On s’en servait pour sortir de mauvaises poses de balle, comme dans l’herbe longue, et faire décoller la balle dans les airs. Comme c’est original!

Avec l’évolution des techniques de fabrication de bâtons dans l’ère moderne, les baffies et spoons ont presque disparu, cédant la place aux ensembles de fers allant du no 1 au no 9. Avec leur tige d’acier et leur angle gradué, les fers ont vite envahi toutes les étapes du jeu. Mais comme c’est le cas pour plusieurs objets fabriqués en série, personne ne semble s’être demandé s’ils étaient plus faciles à utiliser. Ils étaient simplement plus faciles à fabriquer.

Les professionnels apprenaient à jouer avec toute une panoplie de fers longs et c’est comme ça qu’ils enseignaient le jeu, aussi. Ils n’avaient pas vraiment le choix, car c’était tout ce qui existait, ou presque. Tout le monde devait apprendre à frapper des balles avec un fer 1 ou 2.

Les ensembles de bâtons, aujourd’hui, ne comprennent plus de fer 1 ou 2, et parfois même pas de fer 3, 4 ou 5. Mais il n’y a pas si longtemps, le fer 1 se retrouvait dans le sac de presque tous les golfeurs, et si vous étiez capable de bien en jouer, votre réputation de bon golfeur était faite. Un des plus beaux coups jamais joué au golf est celui qu’exécuta Ben Hogan au fer no 1 pour atteindre le vert du 72e trou au Merion Country Club et ainsi remporter l’U.S. Open 1950.

Jack Nicklaus, qui a aussi fait une assez belle carrière grâce au «couteau à beurre», comme on appelait parfois le fer 1, a déjà propulsé une balle au fer 1 jusqu’à quelques pouces du 17e trou de Pebble Beach pour ensuite la pousser doucement dans la coupe et réussir l’oiselet qui lui a donné la victoire à l’Omnium des États-Unis 1970. Mais l’équipement a beaucoup changé, depuis, et Nicklaus devait vaincre un puissant vent de face. En général, maintenant, les pros se servent d’un fer 6 ou 7 sur ce trou.

Chez les golfeurs du dimanche, le fer 1 n’a jamais été populaire. Personne n’arrivait à frapper la balle avec un tel bâton. Ce qui a donné lieu à ce très bon conseil pour ceux qui se trouvaient à jouer aux côtés d’un inconnu: «Ne parie jamais contre un gars bronzé à lunettes de soleil qui a un fer 1 dans son sac.»

Lee Trevino a aussi prononcé une phrase célèbre après avoir été frappé par la foudre sur un terrain de golf: «Si vous êtes pris sur un terrain de golf pendant un orage et que vous avez peur de la foudre, brandissez un fer 1 au-dessus de votre tête. Même Dieu n’est pas capable de frapper un fer 1.»

Et ce n’est pas seulement le fer 1 qui était difficile à jouer, tous les fers longs posent un défi, en plus d’être désagréables à utiliser par temps froid. Avez-vous déjà essayé de frapper une balle avec un fer long des années 1970 en automne? Vos doigts sont engourdis, la balle est à moitié gelée et si vous ne frappez pas la balle à la perfection, absolument parfaitement, le choc du coup vous fera vibrer jusqu’aux épaules.

Les golfeurs, aujourd’hui, l’ont plutôt facile. Les fers ont une face plus large, des poids sur le pourtour, un point d’impact à ressort et de la mousse de vélocité à l’intérieur. Comment Hogan arrivait-il à gagner sans mousse de vélocité? Les fers longs ont disparu, on les a remplacés par des hybrides. Plus d’excuses pour les mauvais coups.

Les premiers bâtons «de sauvetage» dont je me souvienne sont apparus dans les années 1990. Fabriqués par des firmes comme Orlimar et Adams, ils s’appelaient TriMetal ou Tight Lies. On les appelait aussi «bois utilitaires» à l’époque, même s’ils étaient en métal. Ma première expérience avec autre chose qu’un fer long, c’est avec un Tight Lies d’Adams que je l’ai faite, et c’était une merveille. La tête avait l’angle d’un bois 5, mais la tige était un peu plus courte que celle d’un bois d’allée traditionnel et la tête aplatie offrait un centre de gravité plus bas pour aider à faire décoller la balle. De l’or en barre dans l’herbe longue.

Adams et Orlimar avaient quasiment le monopole de la catégorie des bois utilitaires, dans le temps, mais les géants de l’industrie n’allaient pas se laisser distancer très longtemps. TaylorMade a offert ses Rescues, Titleist a suivi avec ses Hybrids, Callaway a lancé son Heavenwood et Cobra a introduit son Baffler. Et même l’animateur en disgrâce du Golf Channel Peter Kessler s’est mis de la partie, vantant les mérites du très populaire Perfect Club à la télé. Un bâton qui remplace très bien le fer 5.

L’avantage de ces bois utilitaires réside dans la facilité de frappe qu’ils offrent, comparativement aux fers longs, ce qui ajoute aux chances de se sortir de mauvaises poses de balle. Pendant des années, presque tous les pros du Circuit sénior possédaient un ou deux de ces bâtons utilitaires et certains avaient même des commandites distinctes d’Adams et d’Orlimar. Et quelques-uns des plus jeunes ont emboîté le pas.

Les bâtons hybrides sont aujourd’hui incontournables. La plupart des jeux de bâtons destinés aux golfeurs à handicap élevé comprennent des hybrides, allant du fer 3 à 6, et les bâtons courts sont dotés de têtes plus grosses offrant plus de tolérance. Les meilleurs golfeurs disposent d’un ou deux hybrides, en plus de leurs bois métalliques d’allée, et leur fer le plus longs est un no 5.

Les noms ont aussi changé. PING a son Crossover et TaylorMade vient de lancer la gamme GAPR (gapper), une famille de bâtons utilitaires destinés à combler un vide dans votre sac. Je ne sais pas où se trouve ce vide, avec tout le choix d’hybrides, de bâtons de sauvetage, de bafflers et de crossovers sur le marché, mais si le R&A consent à éliminer la règle des 14 bâtons au maximum dans le sac, je suis prêt à ajouter un ou deux gappers dans le mien.

Cependant, avant de vous habituer à tous ces bâtons de sauvetage – ou quel que soit le nom que vous leur donnez –, sachez que cette catégorie est encore en pleine mutation. Les pros exigent davantage de maniabilité et de sensation aux coups les plus longs, ce qu’ils affirment n’obtenir qu’au fer. Nous voyons donc apparaître des fers de départ et s’ajouter du poids à l’arrière des fers massifs. Les utilitaires, eux, ont tendance à se raréfier.

Cela annonce-t-il un retour des fers longs, maintenant qu’ils sont supposément plus faciles à jouer?

Peut-être. Vous savez comme moi que ce qu’on voit les pros utiliser finit toujours par se retrouver dans le marché de masse.

Heureusement que j’ai ignoré les remontrances de ma femme qui me disait de me débarrasser de tous ces vieux bâtons qui traînent au grenier. Il faut maintenant que je retrouve le baffie que m’a laissé mon grand-père, et je serai prêt à tout.

Peter Mumford est rédacteur en chef de Fairways Magazine. Suivez-le sur Twitter @FairwaysMag.