Menu Bascule

Mes nouvelles

QUI VA GAGNER LE CHAMPIONNAT DES JOUEURS?

13 MAR 2019

Le TPC Sawgrass est le défi le plus exigeant du golf professionnel. Le Players regroupe le plus fort contingent du circuit et l’architecte qui a conçu le parcours est l’homme le plus détesté du golf.

Par Peter Mumford

Il n’existe probablement aucun autre trou, sur le Circuit de la PGA, qui est aussi étroitement associé à un tournoi que le 17e du TPA Sawgrass. L’emblématique vert sur îlot se pose tranquillement au milieu d’un étang, à 137 verges à peine du tertre, et pourtant, bien des joueurs assurent que c’est le coup de départ le plus terrifiant au golf. Il y en a qui disent y songer avant même leur premier coup sur le premier tertre, et certains avouent même en avoir des cauchemars.

C’est aussi le parfait symbole du Championnat des Joueurs – un tournoi qui se vante chaque année d’offrir un tableau de compétition plus puissant que n’importe quel tournoi majeur, sur un parcours qui ne favorise aucun type de jeu en particulier, mais qui exige le summum de qualité de chaque coup sous une immense pression.

Des tournois se sont gagnés et perdus sur le 17e trou, mais malgré sa réputation plus grande que nature, le vert sur îlot n’est qu’un détail de l’aménagement génial conçu par Pete Dye.

Le TPC Sawgrass a été bâti sur un marécage. À l’origine, les parcelles de terre émergée de Ponte Verda étaient à peine visibles, mais à mesure que Dye et son équipe façonnaient les trous, le marais s’est transformé en lacs et étangs, alors que les allées étaient surélevées de plusieurs pieds au-dessus du niveau de l’eau, avec des contours larges et des dénivelés spectaculaires. L’îlot n’était pas planifié au début, mais après avoir remué tellement de terre, de sable et de boue, Dye s’est laissé influencer par sa femme, la regrettée Alice Dye qui était elle-même championne golfeuse et architecte de parcours. Celle-ci a suggéré de récupérer tout ça pour en faire une île. Aucun des deux ne se doutait que ce 17e trou aurait autant de succès.

L’architecte entendait faire du TPC Sawgrass le test suprême pour les meilleurs golfeurs au monde, et tout indique que c’est exactement ce qu’il a livré.
Le parcours ne favorise aucun style particulier de jeu ni aucun type de joueur. Le Players Championship a été remporté par des gros cogneurs et des as de l’amorti, par des outsiders improbables et des récidivistes aguerris. La seule chose qu’ils semblent avoir en commun, c’est la capacité qu’ils ont pendant au moins une semaine de bien gérer leur jeu et de contrôler leur balle mieux que quiconque.

Au cours des vingt dernières années, de forts frappeurs comme Tiger Woods, Adam Scott et Davis Love III ont remporté le titre, mais il y a eu des vainqueurs plus subtils, aussi, tels Fred Funk et Tim Clark. Et pour étonner tout le monde, c’est un golfeur jusque-là inconnu, le Néo-Zélandais Craig Perks, qui a gagné en 2002, tandis que Webb Simpson, disparu de la carte après l’interdiction d’ancrage des fers droits, est soudain réapparu pour réclamer le titre l’an passé.

Autrement dit, n’importe qui peut remporter le Championnat des Joueurs, ce qui en fait un tournoi exceptionnellement équitable. Il est aussi extrêmement difficile parce que le parcours permet rarement à un golfeur de profiter de ses points forts. Un trou est coudé vers la gauche, le suivant vers la droite. Un trou exige un léger crochet droit en hauteur, tandis qu’un autre nécessite un crochet gauche bien serré. Le TPC Sawgrass ne mesure que 7 200 verges, ce qui est relativement court pour le PGA TOUR, mais il y a tellement de virages et de zones à pénalité qu’il est impossible à maîtriser complètement.

Le golfeur doit réussir tous ses coups pour faire un bon score au Players, et même quand il est au sommet de son art, les verts lui imposent d’autres tâches aussi ardues. Ils sont fermes et rapides, protégés par tout l’éventail des obstacles imaginables. Et le contour des surfaces est incroyable. On n’a qu’à se rappeler le coup sinueux «meilleur que la plupart» de Tiger Woods sur le 17e vert en 2001. Stupéfiant!

Cette année, le Championnat des Joueurs revient à sa place d’origine sur le calendrier du PGA TOUR, en mars. Bien des gens croient que l’épreuve sera encore plus exigeante que les années précédentes, lorsque le tournoi se disputait en mai. D’abord, les températures ne seront pas aussi agréables et le vent devrait être plus présent à ce moment de l’année, tout particulièrement sur les derniers trous où les joueurs devront se battre contre des vents de travers.
Pete Dye a conçu le TPC Sawgrass pour mettre les golfeurs mal à l’aise. Si l’une des phrases les plus entendues dans le vestiaire cette semaine, c’est «je déteste Pete Dye», ça ne dérangera nullement l’architecte. Le parcours s’insinuera dans le cerveau des joueurs et seuls quelques-uns seront capables de surmonter le ver de tête.

Quand on leur demande qui remportera le Championnat des Joueurs, les connaisseurs ont chaque année la même réponse : «Le parcours.» C’est ce qui fait le bonheur de Pete Dye. Et si le résultat dépend cette année d’un coup de fer 8 qui survole le 17e vert ou d’un coup coché qui rebondit sur un muret, ça fait partie du design. Personne ne gagne le Players sans réussir tous ses coups.

Les preneurs aux livres donnent Dustin Johnson et Rory McIlroy comme cofavoris cette semaine, à 12 contre 1. Ils sont suivis de Justin Thomas à 16-1 et de Justin Rose, Rickie Fowler, Brooks Koepka et Francesco Molinari à 20-1. Tiger Woods mène une bande à 25-1, alors que le Canadien Adam Hadwin est inscrit à 100 contre 1.

Si je misais sur un éventuel gagnant, je pense que je choisirais McIlroy. Ça fait si longtemps qu’il est dû pour une victoire que c’en est gênant. Mais je pense aussi à Molinari, un excellent frappeur de balle et le talent du moment. Il y a également son partenaire de la Coupe Ryder, Tommy Fleetwood, à 25 contre 1; il nous a prouvé qu’il était capable de bien jouer sur des terrains exigeants et sous grosse pression. Ironiquement, au fil de sa longue histoire, le Championnat des Joueurs a été remporté par des golfeurs d’à peu près tous les pays de golf, à l’exception de l’Irlande du Nord, de l’Italie et de l’Angleterre.
Je ne sais pas si ça devrait influencer mon hypothétique pari, mais je reste avec les mêmes noms. Ces pays ne peuvent pas être hors compétition à jamais, non?

Peter Mumford est rédacteur en chef de Fairways Magazine. Suivez-le sur Twitter @FairwaysMag.