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DE GRETZKY À GRONK À GREINKE

23 OCT 2019

Alors que les yeux des amateurs de sport se tournent vers la Série mondiale, voici quelques observations intéressantes associant le golf au baseball. On y découvre des athlètes qui excellent dans plus d’une discipline, notamment le meilleur golfeur des Ligues majeures de baseball.

Par Peter Mumford

La Série mondiale est enfin arrivée.

Ce n’est pas trop tôt pour les amateurs de baseball impatients. Après l’entraînement du printemps (qui commence réellement en plein hiver), 162 parties, deux rondes éliminatoires et neuf mois de jeu, voilà enfin la Série mondiale: les Astros de Houston affrontent les Nationals de Washington – eh, oui, nos anciens amours des Expos de Montréal, incidemment.

Bref, il n’y a qu’au golf professionnel que la saison est plus longue. Mais c’est un autre débat, pour une autre fois.

Les parallèles entre le baseball et le golf ne se limitent pas à leurs saisons quasi interminables. Ce sont deux sports supposément sans contact, quoiqu’un receveur dirait le contraire en voyant arriver du troisième but un frappeur désigné de 130 kilos qui lui fonce dessus comme une locomotive à pleine vapeur. Gary Woodland ou Brooks Koepka évoquent probablement le même sentiment chez les golfeurs. Tous deux sont bâtis comme des footballeurs, mais rien n’indique que l’un ou l’autre ait déjà défoncé un autre joueur, sauf peut-être de façon figurative, en fonçant vers une victoire majeure.

Golfeurs et joueurs de baseball ont de l’élan, aussi. Le mouvement du bâton, au baseball et au golf, est très semblable. Je laisse aux analystes de vidéos le soin de décomposer les mécanismes de chaque élan, mais quand je regarde une vidéo du bel élan de John Olerud au début des années 1990, on dirait que le champion à deux reprises de la Série mondiale au sein des Blue Jays de Toronto pourrait aisément claquer une balle de golf à bien plus de 300 verges.

Ce qui pourrait nous amener à conclure que les meilleurs frappeurs au baseball sont aussi les meilleurs golfeurs. Étrangement, ce n’est pas toujours le cas. Un récent article de Golf Magazine dressait la liste des cinq meilleurs golfeurs parmi les joueurs du baseball majeur et, bien que le champ gauche des Mets de New York Jeff McNeil détient le plus bas handicap, à +1.5, un seul autre joueur, le frappeur Aaron Hicks des Yankees, se classe dans ce top 5. Les trois autres sont tous des lanceurs Tyler Clippard (Indians de Cleveland), Zack Greinke (Astros de Houston) et Craig Stammen (Padres de San Diego).

S’il y a des lanceurs qui sont de bons frappeurs, il se peut qu’en plus de savoir frapper, ils ajoutent une dimension plus cérébrale à leur jeu qui constitue un atout sur le terrain de golf, aussi. Ou peut-être est-ce le fait que les lanceurs ne travaillent que tous les quatre ou cinq jours, ce qui leur donne plus de temps pour s’exercer et jouer au golf.

Un autre lanceur des Astros, Justin Verlander, se défend aussi très bien sur le parcours, avec un handicap de quatre. Greinke et Verlander feraient un excellent duo s’il s’en trouvait deux autres pour les défier au golf ou au baseball, mais la meilleure rotation de lanceurs de tous les temps est sans doute le trio de John Smoltz, Greg Maddux et Tom Glavine des Braves d’Atlanta dans les années 1990. Ces trois lanceurs ont non seulement été intronisés au Temple de la renommée du baseball, mais ils affichent tous un handicap en-dessous de cinq. Smoltz est le meilleur golfeur des trois et il continue de jouer à un très haut niveau. L’année dernière, à 51 ans, il s’est qualifié pour l’Omnium sénior des États-Unis.

Le titre de cet article – «De Gretzky à Greinke à Gronk» – est à l’évidence une allitération pour le plaisir (les allitérations sont efficaces dans les titres), mais il s’inspire aussi d’un poème de Franklin Pierce Adams, écrit en 1910 et intitulé Baseball’s Sad Lexicon (le triste lexique du baseball). Le poète y faisait l’éloge de l’arrêt court Joe Tinker, du deuxième but Johnny Evers et du premier but Frank Chance qui effectuaient régulièrement des doubles jeux (ou doubles retraits) pour les Cubs de Chicago. Le deuxième vers du poème se lit: «De Tinker à Evers à Chance».

Le double jeu est fréquent au baseball et c’est toujours excitant quand ça arrive. Lorsqu’un athlète pratique deux sports de compétition différents, c’est aussi une sorte de double jeu, sans doute aussi excitant pour les joueurs et les spectateurs.

Le monde golfique a récemment vu l’ancien quart-arrière des Cowboys de Dallas Tony Romo essayer de se qualifier pour un tournoi du Circuit de la PGA. Ce n’était pas sa première tentative et probablement pas sa dernière. Romo a pris sa retraite du football et ne travaille qu’un jou par semaine comme premier analyste lors de la télédiffusion du match de football du dimanche sur la chaîne CBS. Ça laisse beaucoup de temps à Tony pour perfectionner son golf. Par conséquent, il affiche un handicap de +0.3 et caresse le rêve de prendre le départ aux côtés des pros sur une base régulière.

Romo n’est pas le seul. Steph Curry, des Golden State Warriors, vedette incontestée du basketball, est si obsédé par le golf qu’il a accepté d’être l’hôte d’un tournoi du Circuit Korn Ferry et qu’il a récemment signé un contrat avec l’équipementier Callaway. Le champion à trois reprises de la NBA a participé à deux tournois du Circuit Korn Ferry grâce à des exemptions de commanditaire, mais jusqu’ici, il n’a pas encore, lui non plus, survécu au couperet.

Pas plus Romo que Curry ne peut être réellement qualifié d’athlète de deux disciplines, au sens professionnel du moins. Bo Jackson, lui, est l’incarnation même de ce type de double jeu, parvenant à mener de front une carrière professionnelle au baseball (Royals de Kansas City) et une autre au football (Raiders d’Oakland) pendant cinq saisons. Michael Jordan a aussi joué à deux sports professionnels, le basketball et le baseball, mais pas en même temps. Tous deux sont aussi férus de golf et l’on sait que Jordan peut se montrer très compétitif sur un terrain de golf en misant de gros enjeux.

John Brodie a été quart-arrière pour les 49ers de San Francisco pendant 17 saisons (1957-1973) et il était l’un des meilleurs de la NFL à son époque. Il a participé à deux Super Bowl, fut nommé joueur le plus utile à son équipe en 1970 et a établi de nombreux records de passes durant sa carrière. Après sa retraite, Brodie est devenu annonceur télé, mais il a également poursuivi une deuxième carrière sportive professionnelle sur le Circuit sénior de la PGA pendant 13 ans (1985-1998), où il a remporté une victoire et récolté 12 résultats dans le top 10, ce qui en fait l’un des meilleurs athlètes à deux sports de tous les temps.

La plupart des doubles jeux ne se font pas au niveau professionnel comme ce fut le cas pour Brodie. Il s’agit généralement d’un athlète professionnel du sport majeur (football, baseball, hockey ou basketball) qui joue au golf amateur. Les athlètes professionnels jouent dans le cadre de tournois de célébrités, ils sont l’hôte d’évènements de bienfaisance et certains ont même la chance de prendre le départ à un Pro-Am du PGA TOUR. Le Pro-Am national AT&T de Pebble Beach est le summum pour les golfeurs amateurs. Wayne Gretzky est un habitué de ce tournoi, de même que le copain de sa fille Paulina, Dustin Johnson. Gretzky n’a pas l’intention de devenir golfeur professionnel, il aime seulement jouer au golf de compétition et parier quelques dollars.

Rob Gronkowski, l’ancien ailier rapproché des Patriots de Nouvelle-Angleterre, aime le golf, lui aussi, mais il avoue n’être qu’un amateur maladroit. Ce qui ne l’empêche pas d’être l’hôte de tournois-bénéfices et de se servir du golf pour récolter de l’argent en appui au bien-être des enfants. Comme Gretzky, «Gronk» n’a aucune ambition au golf professionnel, mais le golf est un exutoire à son énergie compétitive.

Mais revenons au baseball – C’est la Série mondiale, après tout. Le meilleur athlète à avoir jamais combiné une carrière au baseball et une autre au golf est sans nul doute Dewey Byrd. Selon Wikipedia, Byrd, aussi appelé Sam ou Sammy, est né à Bremen, en Géorgie, mais a grandi à Birmingham, en Alabama. Il a joué au baseball en Ligue majeure de 1929 à 1936 pour les Yankees de New York et les Reds de Cincinnati. On le surnommait «les jambes de Babe Ruth» parce qu’il était souvent appelé à courir les buts pour le champion frappeur aux dernières manches des parties vers la fin de la carrière de Ruth. En 1936, Byrd a laissé tomber le baseball pour entreprendre une carrière de golfeur professionnel. Il a remporté six titres sur le Circuit de la PGA de 1942 à 1946. En 1945, il a cédé la victoire du Championnat de la PGA à Byron Nelson par 4 et 3 en parties par trous. Il est la seule personne à avoir joué en Série mondiale et au Tournoi des Maîtres. Il a fait une apparition à la Série mondiale de 1932 (match 4), avec les Yankees de New York, comme substitut défensif pour Babe Ruth à la fin de la 9e manche. Au Masters, il a conclu à deux reprises dans le top 5, soit troisième en 1941 et quatrième en 1942.

Notons en passant que les Yankees ont remporté la Série mondiale en 1932 avec des joueurs comme Babe Ruth et Lou Gehrig, sous la gouverne de Joe McCarthy! Et la victoire de Byron Nelson au Championnat de la PGA 1945 était la neuvième de 11 consécutives de «Lord Byron», la plus longue séquence de victoires consécutives du Circuit de la PGA encore à ce jour. Sammy Byrd était un grand athlète qui savait se mesurer honorablement aux meilleurs golfeurs de tous les temps.

Et bonne Série mondiale à tous!

Peter Mumford est rédacteur en chef de Fairways Magazine. Suivez-le sur Twitter @FairwaysMag.