BROOKE ÉTABLIT UN NOUVEAU RECORD
19 JUN 2019
La fin de semaine dernière, Brooke Henderson a établi un nouveau record canadien pour le plus grand nombre de victoires sur un circuit de golf professionnel, PGA et LPGA confondus. C’est peut-être un accomplissement de carrière monumental en soi, mais pour la golfeuse de 21 ans originaire de Smith Falls, Ontario, c’est une autre étape vers le zénith des superstars.
Par Peter Mumford
Grande semaine pour les champions.
Il y a d’abord eu Rory McIlroy qui a littéralement avalé ses adversaires à Hamilton pour récolter son premier titre de champion de l’Omnium canadien RBC; quelques jours plus tard, les Blues de Saint-Louis ont conquis leur première coupe Stanley après 51 ans d’attente; le lendemain, les Raptors de Toronto battaient les Golden State Warriors pour remporter leur premier championnat de la NBA, ce qui a donné lieu à une célébration qu’on pourrait bien voir se prolonger jusqu’en juillet. Dimanche dernier à Pebble Beach, Gary Woodland a devancé Brooks Koepka, Justin Rose et un peloton d’élite du golf professionnel pour capturer son premier titre majeur, celui de l’U.S. Open.
Beaucoup de premières victoires et d’effervescence. Quelque part, dans tout ce brouhaha, le jour de la fête des Pères, la Canadienne Brooke Henderson remportait la Classique Meijer, son neuvième titre sur le Circuit de la LPGA.
Bien que ce ne soit pas son premier gain et qu’il ne s’agissait pas d’un tournoi majeur, cette neuvième victoire a valeur d’exploit remarquable pour une raison bien précise. Elle consacre Brooke, à l’âge tendre de 21 ans, comme étant l’athlète du Canada ayant cumulé le plus grand nombre de victoires sur le circuit de la PGA ou de la LPGA. Elle dépasse ainsi Mike Weir, Sandra Post et George Knudson qui ont chacun à leur palmarès huit titres professionnels en carrière.
Et Brooke n’en est encore qu’à ses débuts. Si elle continue de progresser au rythme où elle va en ce moment, elle décrochera d’autres records et s’assurera certainement une place au Temple de la renommée du golf, non seulement canadien, mais mondial d’ici la fin de sa carrière. Étrange d’écrire ces lignes, maintenant. Il y a quelques années, je me retenais de faire ce genre de prédiction pour ne pas ajouter à la pression médiatique déjà enfiévrée après la première victoire professionnelle de Henderson, à la Classique Cambria de Portland, quand elle n’avait encore que 17 ans. Et elle avait alors joué comme si sa victoire par 8 coups était acquise d’emblée.
Puis elle a raflé son premier titre majeur l’année suivante en défaisant une autre adolescente phénoménale, Lydia Ko, en prolongation pour remporter le Championnat KPMG de la LPGA avec un sang-froid déroutant.
Lorsqu’est arrivé l’Omnium féminin CP de l’été dernier, Brooke avait déjà fait la preuve à maintes reprises qu’elle supportait la pression à merveille. Mais il lui restait encore à conquérir son titre le plus important. Pour les golfeurs canadiens, notre championnat national a une aura de super majeur. Et le fait qu’aucun Canadien n’avait remporté un Omnium canadien depuis Pat Fletcher en 1954 rendait le défi encore plus colossal.
En cette journée fraîche et pluvieuse d’août 2018, Brooke a mis fin à notre disette nationale avec une victoire par quatre coups. Encore une fois, le triomphe semblait aller de soi d’entrée de jeu. Calme, stable, silencieuse et concentrée, avec une discipline à toute épreuve, Henderson a réussi l’exploit posément, de façon très canadienne.
Voilà Brooke Henderson, la femme et l’athlète, dans son entièreté.
La plupart du temps, en tournoi, on ne voit pas, dans son attitude, si elle mène par 10 coups ou si ça ne va pas comme elle veut. Elle possède une maîtrise de soi exceptionnelle, le tempérament idéal pour un golfeur professionnel. À bien des égards, elle me rappelle Annika Sorenstam, mais Brooke sourit davantage.
Je ne comprends toujours pas pourquoi Brooke n’est pas reconnue pour ses exploits à l’extérieur des frontières canadiennes. Les équipes télé qui la suivent dans les tournois de la LPGA n’ont que des éloges pour Brooke, tant comme femme que comme golfeuse. En plus de ses talents golfiques innés, elle est articulée et respectueuse, elle est proche de ses admirateurs et des amateurs de golf dans l’ensemble, et échange avec eux à chaque escale du circuit. Elle est jolie, naturelle et à l’aise. Elle devrait être la tête d’affiche de la LPGA.
Bien sûr, sachant que la LPGA est une institution américaine, avouons que ça n’arrivera jamais. Les États-Uniens s’intéressent davantage promouvoir Lexi Thompson ou l’une des sœurs Korda comme visage emblématique de la LPGA. Ce qu’ils ne peuvent ou ne veulent pas reconnaître, c’est que le Circuit de la LPGA est le seul vrai circuit mondial de golf féminin et que de nos jours, il est dominé par des joueuses de l’extérieur des États-Unis, la plupart d’Asie du Sud-Est.
Près de 40% des tournois de la LPGA sont disputés hors des États-Unis d’Amérique et plus de la moitié des montants de commandite versés dans les coffres du circuit proviennent de sociétés étrangères, la plupart asiatiques.
Hank Haney, instructeur de golf, auteur et ancien entraîneur de Tiger Woods, s’est mis dans l’eau chaude il y a quelques semaines pour avoir dit des bêtises à propos du circuit féminin et de sa méconnaissance des noms des joueuses à cause de leurs origines ethniques. Malgré la teneur misogyne et quelque peu raciste de ses commentaires, Haney a mis en lumière la triste réalité de la LPGA: les États-Uniens comme lui ne regarderont jamais les tournois de la LPGA si une Américaine n’en est pas la tête d’affiche.
Constat ironique, parce que ce n’est pas arrivé depuis plus de 25 ans. À partir de 1995, Sorenstam était l’icône de la LPGA, suivie par Lorena Ochoa, puis par une rotation de golfeuses asiatiques. Il faut remonter à Nancy Lopez pour dénicher la dernière superstar américaine.
Henderson a tout l’air d’être l’héritière putative de cette couronne. Quelques autres victoires et un autre titre majeur, et il sera impossible de l’ignorer, où que ce soit, dans quelque langue qu’on y parle. Et je soupçonne que ce ne sera qu’un autre jalon, pour elle, une de ces choses qui vont de soi.
On sait déjà que Brooke est une superstar. On attend seulement que le reste du monde se réveille et s’en aperçoive.
Peter Mumford est le rédacteur en chef de Fairways Magazine. Suivez-le sur Twitter @FairwaysMag.
Brooke défendra son titre de championne de l’Omnium féminin CP au Magna Golf Club d’Aurora, en Ontario, du jeudi 22 au dimanche 25 août. Achetez vos billets dès maintenant pour aller l’encourager et lui montrer, de même qu’à Golf Canada et aux commanditaires du Canadien Pacifique, combien vous l’aimez.
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