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COUPE SOLHEIM EN JEU

11 SEP 2019

Alors qu’un si grand nombre des meilleures golfeuses au monde sont absentes du tournoi de la Coupe Solheim, le moment est peut-être venu de revoir la structure É.-U. contre Europe et d’envisager une version modernisée. N’est-ce pas ce qui a inspiré la Coupe des Présidents?

Par Peter Mumford

Les matchs bisannuels entre les équipes de golfeuses des États-Unis et de l’Europe débutent ce vendredi à Gleneagles, en Écosse. Voici pourquoi vous avez intérêt ou pas à regarder le fameux tournoi.

Les meilleures golfeuses n’y sont pas

Un bref coup d’œil au Classement Rolex révèle que seules deux des participantes, américaines toutes les deux, sont dans le top 10. La mieux classée de l’équipe d’Europe est au 12e rang et il faut descendre jusqu’au no 26 pour voir le nom de la deuxième meilleure golfeuse européenne en lice. Le fait est que le sommet du classement est surtout occupé par des golfeuses de Corée du Sud, de Thaïlande, du Japon et de l’Australie. Sans oublier celle du Canada, bien sûr.

Quand on a disputé la Coupe Solheim pour la première fois en 1990, les États-Unis dominaient le golf féminin, avec des joueuses comme Nancy Lopez, Betsy King, Pat Bradley, Patty Sheehan, Dottie Pepper, Beth Daniel et Juli Inkster. L’Europe avait Laura Davies et une poignée de jeunes filles du continent qui commençaient à percer. Cinq ans plus tard, dans le sillage de l’invasion suédoise, l’Europe présentait des équipes capables de donner du fil à retordre aux Américaines. Il était parfaitement logique de confronter les États-Unis à l’Europe dans le cadre d’un match du genre Coupe Ryder.

Mais c’était une autre époque. Aujourd’hui, les meilleures golfeuses au monde ne viennent certainement pas d’Europe et seules quelques-unes sont des États-Unis. On ne pourrait trouver meilleur moment pour revoir en profondeur la formule de la Coupe Solheim. L’équilibre du pouvoir au golf féminin étant en train de passer du côté de l’Orient, la solution la plus évidente serait de créer un match entre l’Australasie et le reste de la planète. Les commanditaires, les amateurs et toutes les parties prenantes des États-Unis crieraient au meurtre, mais imaginez quel plaisir on aurait à voir quatre continents s’affronter pour déterminer les 12 golfeuses qui composeraient l’équipe internationale. Bien des Européennes se retrouveraient sur la touche, évidemment, mais cela permettrait à Brooke Henderson de tenter de se qualifier.

Le poids de l’histoire

La Coupe Solheim s’est inspirée de la Coupe Ryder et de la Coupe Walker qui, à l’origine, mettaient aux prises des équipes de golfeurs professionnels (Coupe Ryder) et amateurs (Coupe Walker) de Grande-Bretagne et des États-Unis. Ces tournois existent depuis des décennies et ces dernières années, ils sont devenus d’immenses spectacles golfiques des deux côtés de l’Atlantique. À la fin des années 1980, le fondateur de PING Karsten Solheim s’est fait convaincre par sa femme Louise de célébrer le golf féminin de la même manière. C’est ainsi qu’est née la Coupe Solheim.

Au fil des 30 dernières années, l’évènement nous a donné des moments mémorables. Comme à Loch Lomond, en 2000, lorsqu’une jeune Annika Sorenstam s’est montrée à juste titre contrariée quand la capitaine américaine Pat Bradley a insisté pour qu’elle rejoue un coup après qu’on eût déterminé que la Suédoise avait joué avant son tour. Sorenstam avait coché sa balle pour réaliser un oiselet et égaliser le score du trou, mais à la reprise, elle avait raté son coup. Sorenstam était dévastée, Bradley vilipendée. Les Européennes ont fini par prendre leur revanche en battant les États-Uniennes par 14½ à 11½.

En 2015, une autre controverse a mis en évidence la sensibilité des deux camps. Suzann Pettersen et sa partenaire Charley Hull jouaient contre Alison Lee et Brittany Lincicome. Au 17e trou, Lee a envoyé son coup roulé pour l’oiselet à moins de 18 pouces de la coupe. Hull et les cadets européens ont commencé à marcher vers le 18e trou comme si le coup suivant était concédé. Les États-Uniennes ont perdu le trou et le match. Même si Pettersen avait eu raison de concéder le trou, la plupart des gens estimaient qu’elle avait enfreint l’esprit des Règles du golf, ce qui lui a valu des critiques acerbes de toute part, même de nombreux Européens. Ironiquement, les États-Unis ont remporté la Coupe Silheim cette année-là.

Les États-Unis mènent par 10 à 5 au tableau des victoires, remportant les deux dernières éditions de la Coupe Solheim sous la direction de la capitaine Juli Inkster. Elle en vise une troisième cette année, ce qui lui donnerait le record de tous les temps pour le nombre de victoires à la Coupe Solheim.

Les choix de la capitaine

Les deux capitaines, Juli Inkster et Catriona Matthew, ont dû puiser en profondeur pour constituer leurs équipes avec des golfeuses qu’on voit rarement trôner au tableau. Inkster a ajouté Stacy Lewis et Morgan Pressel à sa formation pour leur leadership de joueuses chevronnées, même si aucune des deux ne s’est démarquée en compétition cette année. Et voilà que Lewis déclare forfait, cette semaine, à cause de ses maux de dos chroniques. Et encore une fois, Inkster a dû faire appel à une recrue, en la personne d’Ally McDonald, pour combler le poste.

Matthew a été obligée de miner encore plus creux dans le Classement Rolex, recrutant Suzann Pettersen, 665e golfeuse au monde. Pettersen était censée agir comme capitaine adjointe, mais n’est finalement que coéquipière, encore une fois pour donner une direction à son équipe qui n’a que très peu d’expérience en compétition internationale. Après un congé de maternité de 20 mois, Pettersen n’a participé qu’à quatre tournois de la LPGA depuis son retour au jeu en juillet, tombant à trois reprises sous le couperet. Les autres choix de Matthew sont Bronte Law, Céline Boutier et Jodi Ewart Shadoff.

Les Américaines ont l’avantage

Il y a beaucoup de recrues dans les deux équipes et bien peu de vétéranes sur qui compter. Les États-Uniennes sont menées par Lexi Thompson, les sœurs Korda, Lizette Salas et Danielle Kang. Les Européennes répondent avec Carlotta Ciganda, Bronte Law, Azahara Munoz, Georgia Hall et Charley Hull. Sur le plan du classement mondial, les États-Unis ont certainement le dessus.

Les matchs se disputent en Écosse, ce qui donne l’avantage du terrain aux Européennes. De leurs cinq victoires en Coupe Solheim, elles en ont capturé quatre sur le Vieux Continent. Les Américaines, elles, ont inscrit trois de leurs dix victoires en Europe.

Ces affrontements auront davantage des allures de football universitaire que professionnel. Beaucoup d’émotion, plus d’excitation que d’habitude et probablement quelques erreurs. Les partisans locaux seront vraiment dans le coup, mais la capitaine Inkster possède peut-être la formule magique. Elle est la reine des meneuses de claque et l’on entendra sûrement scander beaucoup de «USA! USA!» Pour ma part, je trouve qu’il n’y a rien de plus exaspérant dans le sport, mais de toute façon, je prends pour l’autre équipe.

Rien de mieux que la partie par trous

Le golf est fait pour se jouer un contre un, en duel. Malgré ce qu’on voit presque chaque semaine à la télé, la Coupe Ryder, la Coupe des Présidents et la Coupe Solheim procurent plus d’émotions, un spectacle plus captivant et des histoires plus intéressantes qu’un tournoi normal en parties par coups. Chaque match a son propre dénouement et chaque concurrent doit donner son «110%», il n’a pas la possibilité de se rattraper le lendemain.

Ajoutez à cela la pression de jouer pour un(e) partenaire en quatuor ou en match à quatre balles, et la pression accrue de jouer pour une équipe, un pays ou un continent tout entier. Le golf est généralement un sport individuel, de sorte que le concept de jeu d’équipe déstabilise encore davantage les athlètes. Les gagnants sont souvent ceux et celles qui maîtrisent le mieux leurs émotions.

Cette Coupe Solheim Cup se dispute sur le PGA Centenary Course à Gleneagles. Conçu par Jack Nicklaus, c’est un superbe parcours pour le jeu par trous. C’est là que s’est disputée la Coupe Ryder 2014 où les Européens ont gagné par 16½ à 11½, ce qui augure peut-être d’un léger avantage de plus pour l’équipe locale.

Comme le dit l’expression «tout peut arriver en partie par trous», le vainqueur n’est pas toujours le joueur le mieux classé, le plus habile ou le plus expérimenté. À ce niveau, n’importe quel golfeur peut battre n’importe quel autre en partie par trous. Cette Coupe Solheim sera passionnante et je vais la regarder, comptez sur moi.

Peter Mumford est rédacteur en chef de Fairways Magazine. Suivez-le sur Twitter @FairwaysMag