Table ronde autour de l’U.S. Open
12 JUN 2018
Par Peter Mumford
La 118e édition de l’Omnium des États-Unis se déroule cette semaine au vénérable Shinnecock Hills Golf Club de Long Island, NY. Nous avons demandé à quelques pros de ClubLink de partager leurs impressions du parcours pour ce tournoi majeur, leurs espoirs chez les aspirants au titre et leur choix de vainqueur pour dimanche soir.
Autrefois, l’USGA affirmait configurer le parcours de l’U.S. Open pour mettre à l’épreuve toutes les habiletés des golfeurs avec des allées étroites, des herbes longues profondes et impitoyables, des verts hyper rapides. À Chambers Bay (2015) et Erin Hills (2017), les allées très généreuses ont donné lieu à des scores exceptionnels. Préfère-t-on les configurations où la normale garde tout son sens et où le joueur qui commet le moins de fautes gagne? Ou veut-on plutôt un parcours permettant de nombreux oiselets et aigles? Quel genre d’aménagement offre le meilleur défi pour un championnat national?
Matthew Belacca, PGA, directeur des opérations, Glendale GC: J’ai toujours préféré voir, et de loin, un Omnium des États-Unis qui pose le plus grand défi aux golfeurs. Comprenez-moi bien, je ne veux pas que ça dépasse les capacités humaines, mais j’aime bien voir les gars travailler dur pour jouer la normale, se féliciter de rester dans les allées et de trouver les meilleures poses de balle sur les verts. Je ne dis pas que le vainqueur doit rester au-dessus de la normale, de telles conditions de jeu seraient injustes, mais un score gagnant autour de cinq sous la normale, ça me va.
Scott Johnson, PGA, directeur des opérations, Kanata G&CC: Je préfère les parcours de golf à l’ancienne, comme Winged Foot, Merion, Olympic Club et Shinnecock Hills, où toutes les facettes du jeu peuvent trouver récompense. J’aime les configurations où tout est mis à l’épreuve et où la normale a un sens. Je n’aime pas les herbes longues de 8 pouces où on n’a d’autre choix que de cocher pour revenir dans l’allée. Je préfère celles qui présentent un facteur de pénalité d’un demi-coup pour les coups de départ imprécis – on peut parfois tenter sa chance en essayant de réussir un coup plus difficile, et parfois, on n’a pas le choix, il faut jouer le tout pour le tout. Je crois que le meilleur défi que peut poser un tel championnat national est celui où la normale sert de réel point de repère, mais où la configuration est équitable pour tous les concurrents. Je ne crois pas que personne n’a envie de revoir une coupe positionnée comme celle du no 18 à la 3e ronde de l’Open de 1998 à l’Olympic Club. Les autres tournois majeurs nous emballent avec toutes les possibilités d’oiselets et d’aigles qu’ils offrent, et c’est ce qui les rend formidables à leur façon. Imaginez un Masters sans ce neuf de retour où le golfeur peut jouer 30 et revenir de loin à l’arrière… Ça ne serait pas pareil. Chaque majeur a son identité propre et à mon avis, l’Omnium des États-Unis devrait être celui où la normale représente encore un super bon score.
Ken Lane, PGA, directeur des opérations, Caledon Woods: Je suis un fan fini de l’U.S. Open et c’est surtout pour la difficulté que pose la configuration du parcours. C’est un défi non seulement pour l’habileté du cogneur, mais aussi pour les as du coup roulé, car les verts sont énigmatiques à lire et on doit bien sentir son jeu de fer droit. Selon moi, ce sont toujours les meilleurs golfeurs au monde qui s’affrontent pour ce titre, et ce n’est pas en raison de leur nom ou de leurs victoires en saison, mais plutôt parce qu’ils peuvent faire la preuve de leur talent dans des conditions exigeantes. Mon expérience en tournois de la PGA m’a montré que les conditions changent beaucoup, entre le Pro-Am du mercredi et la première ronde du jeudi. Les verts difficiles rendaient l’approche ardue et leur vitesse nous mettait au défi de caler la balle en deux roulés. Vendredi, ça changeait encore, et je n’ai jamais eu la chance de vivre les conditions du week-end, mais j’imagine ce que ça pouvait être.
Mark Napier, PGA, directeur des opérations, Heron Point Golf Links: C’est sûr que je préfère les configurations traditionnelles de l’U.S. Open, où la normale peut donner la victoire au terme de 72 trous. L’Omnium des États-Unis est d’habitude une épreuve de constance, de gestion de parcours et de patience, alors que presque tous les autres tournois du circuit sont des festivals d’oiselets. L’U.S. Open est un changement rafraîchissant, au milieu de la saison, pour un téléspectateur qui aime voir les golfeurs travailler fort.
Brad Sewards, PGA, directeur des opérations, Wyndance GC: Je suis d’accord avec la bonne vieille théorie de l’USGA voulant que la normale soit un score gagnant ou presque. Chaque semaine, sur le PGA TOUR, on voit des victoires à 20 sous la normale. J’aime voir une réelle épreuve d’habileté autour des verts et sur ceux-ci pour déterminer le vainqueur. Pas celui qui a réussi le plus d’oiselets.
De l’avis de nombreux observateurs et analystes, personne n’est donné gagnant à l’U.S. Open 2018 et n’importe qui pourrait triompher. Selon eux, le titre se remporte d’habitude à la précision des coups de départ et à la maîtrise des roulés, or cette année, la plupart des joueurs en tête du classement ont de la difficulté dans l’une ou l’autre de ces catégories. À votre avis, est-ce que ce constat fait en sorte que certains des meilleurs golfeurs au monde sont éliminés d’entrée de jeu et que le titre est ouvert à quiconque s’en donnera la peine? Ou bien croyez-vous plutôt qu’à terme, la crème de la crème va remonter à la surface quand ça comptera le plus?
Belacca: La crème remonte toujours à la surface et par conséquent, les dix meilleurs au monde seront toujours les favoris. Je ne pense pas que ce sera différent à Shinnecock Hills.
Johnson: Je ne suis pas sûr que ça prenne un as du roulé pour remporter l’Omnium des États-Unis. Dustin Johnson a gagné en 2016 à Oakmont et il était 49e aux coups roulés cette semaine-là, mais il était aussi au premier rang des distances au coup de départ et des verts atteints en coups réglementaires. Je crois que les meneurs aux coups gagnés du tertre au vert trôneront au sommet du tableau, et même ceux qui seront médiocres aux coups roulés durant la semaine resteront sans la course. Pour ce qui est de dire que le titre est ouvert à tous, j’estime qu’il faut toujours tenir compte des meilleurs golfeurs au monde, ils sont les meilleurs pour une bonne raison, et en fin de compte, ce seront eux qui monopoliseront la tête du tableau.
Lane: La crème va remonter à la surface. Les as du coup de départ et du coup roulé graviteront autour du couperet, mais dimanche, ça prendra une maîtrise complète du jeu pour rester en compétition. Je crois qu’à terme, c’est l’expérience de la victoire qui sera la clé du succès, et les joueurs du top 20 la possèdent tous.
Napier: Pour moi, le tournoi est ouvert à tous. Nombreux sont les concurrents au tableau qui ont une chance de gagner si tout va bien. Comme d’habitude, on va voir des noms moins familiers au tableau tout au long de la semaine, mais assurément, dimanche soir, bon nombre de grandes stars auront eu la chance de triompher.
Sewards: La façon de jouer d’un golfeur jusqu’ici, même s’il est en feu à la veille de l’U.S. Open, ne veut plus dire grand-chose selon moi. Je crois que la crème va toujours remonter à la surface dans un tournoi majeur ou lors des épreuves les plus difficiles.
Quel est votre choix de gagnant à l’U.S. Open 2018? Et qui pourrait être l’outsider qui surprend tout le monde avec une victoire inespérée?
Belacca: D’habitude, je prends toujours pour Rory McIlroy, mais cette année, je choisis Rickie Fowler comme vainqueur. Pour ce qui est du gagnant surprise, mon choix se porte sur Kyle Stanley. Il joue plutôt bien ces temps-ci.
Johnson: Mon choix de champion de l’Omnium des États-Unis… Les golfeurs internationaux ont remporté 8 des 14 derniers U.S. Open, alors je penche de leur côté. Pour ce qui est de choisir un gagnant, j’aime bien Henrik Stenson. Cette saison, il est no 1 pour la précision des coups de départ et les verts atteints en coups réglementaires, et 33e aux coups roulés, ce qui est assez bon pour gagner si le reste de son jeu tient le coup. Du côté des joueurs américains, si Tiger Woods a profité des deux dernières semaines pour peaufiner ses coups roulés, je lui donne de bonnes chances. Il est 5e aux coups gagnés du tertre au vert et s’il arrive à bien jouer ses roulés durant la semaine, il sera dans la course. Mon favori, côté cœur, est Phil Mickelson, car je crois que c’est sa dernière et meilleure chance de remporter l’U.S. Open. Phil joue toujours bien à New York et la configuration d’Omnium de Shinnecock Hills lui est familière. Ça va l’aider, d’autant plus que les spectateurs de New York seront là pour l’encourager, et c’est toujours ce qui l’aide le plus à bien jouer. Il a déjà terminé 2e à Shinnecock, de même qu’à Bethpage et à Winged Foot; il a gagné le Championnat de la PGA à Baltusrol. Bref, New York lui sourit. Mon outsider de choix est Francesco Molinari. Il joue formidablement en Europe (une victoire au Championnat BMW et une 2e place à l’Omnium d’Italie) et, même si ses statistiques aux coups roulés ne sont pas excellentes, il vient de connaître deux bonnes semaines sur les verts et ça peut faire de lui un aspirant sérieux s’il continue de bien frapper au départ.
Lane: Les gars dans la vingtaine comme Justin Thomas vont se disputer la victoire en compagnie des autres jeunes loups prometteurs, mais j’aime bien les distances qu’atteint Dustin Johnson, en plus de ses antécédents à Shinnecock Hills, et ça pourrait lui donner le titre de l’Omnium des États-Unis 2018. Et il faut aussi surveiller Ricky Fowler, même s’il n’est pas un outsider.
Napier: Cette année, mon choix se porte sur Justin Rose. Il est tellement constant, semaine après semaine, et ses statistiques au roulé s’améliorent depuis quelque temps. On ne peut pas parier contre lui. Et sous le radar, je crois que Jason Dufner pourrait bien nous surprendre, lui qui apparaît sur quelques tableaux du dimanche mais n’a rien gagné récemment.
Sewards: Moi aussi, je prends pour Justin Rose. Je trouve qu’il joue à merveille cette saison. J’aime bien la combinaison Rose/Foley, et je vois Patrick Cantlay en outsider.
Peter Mumford est rédacteur en chef de Fairways Magazine. Suivez-le sur Twitter @FairwaysMag.