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Top 10 des tournois de 2018

05 DEC 2018

Par Peter Mumford

Tout amateur de golf a ses propres critères pour décider quel tournoi il va regarder à la télé chaque semaine, et ce ne sont pas les choix qui manquent, avec le PGA TOUR qui n’arrête presque jamais, auquel s’ajoutent les circuits de la LPGA, d’Europe, Web.com et des Champions de la PGA.

Quasiment tout le monde regarde les quatre tournois majeurs, certes, mais au-delà de ces grands rendez-vous, l’offre est très diversifiée. La décision de syntoniser telle ou telle diffusion peut dépendre des noms affichés au tableau, des dernières nouvelles du circuit ou d’un attachement profond à un golfeur ou tournoi particulier.

Il arrive parfois qu’une compétition se termine sur la domination incontestable d’un meneur dont la victoire est assurée, mais plus souvent qu’autrement, la lutte est acharnée jusqu’à la fin et l’on peut assister à des finales enlevantes même lors de tournois de seconde classe. Par exemple, la Classique RSM ne figurait pas dans la liste des incontournables jusqu’à ce que, il y a quelques semaines, Charles Howell III se rende en finale. Il n’avait rien gagné depuis 11 ans et tous les fans voulaient voir s’il serait enfin capable de remporter quelque chose, ce qui a fait du tournoi le must de la semaine, couronné par une finale électrisante.

Voici mon top 10 des évènements les plus excitants de 2018:

#10 Le Tournoi des Maîtres

Après s’être hissé au rang de 5e meilleur golfeur au monde il y a quelques années, Patrick Reed n’avait que rarement fait montre du type de maîtrise du jeu qui permet à un golfeur de dominer la saison et de remporter des tournois majeurs. En avril dernier, pourtant, Capitaine America a réussi à se tailler une avance du samedi avec 14 coups sous la normale, à Augusta, puis à s’accrocher en finale du dimanche pour endosser le fameux veston vert. Rickie Fowler a pour sa part donné tout un spectacle en terminant deuxième et Jordan Spieth, lancé comme un taureau sauvage, a paru sur le point de rattraper Reed et de forcer une prolongation jusqu’à ce qu’un bogey au 18e trou ne mette fin à ses espoirs.

#9 L’Omnium canadien RBC

Ne no 1 mondial Dustin Johnson a amorcé sa ronde finale de ce qui fut sans doute la dernière édition de l’Omnium canadien RBC à se tenir au Glen Abbey Golf Club en partageant la tête du tableau avec Whee Kim, Byeong Hun An et Kevin Tway. À terme, DJ s’est arraché du peloton pour triompher avec un superbe score de 66, en avance par trois coups.

#8 Le Championnat du Mexique WGC

À 47 ans, Phil Mickelson connaissait un début de saison 2018 particulièrement pénible, tant avec son bois de départ qu’avec son fer droit, quand il s’est présenté à Mexico en mars, sans grand espoir de gagner. Il ne souhaitait qu’un peu de pratique pour améliorer son jeu en vue du Masters. Sur le neuf de retour, dimanche, un trio de jeunes loups talonnait le vétéran: Justin Thomas, le bouillant Anglais Tyrell Hatton et l’Espagnol Rafa Cabrera Bello. Les Européens ont vaillamment tenté de détrôner Mickelson, en vain. Thomas a semblé un moment dérouté quand il a inscrit un bogey sur le 17e trou, mais en calant son coup d’approche au 18e, il a réussi l’aigle qui l’a amené à égalité avec Phil le gaucher. Ce dernier n’avait aucune intention de laisser échapper la victoire, cependant, et son oiselet sur le premier trou de prolongation a suffi pour lui donner le titre WGC.

#7 Le Championnat Valspar

Tiger Woods a entamé sa saison 2018 entouré de mystère. Personne, pas même lui-même, ne savait si son dos rafistolé par un chirurgien serait en mesure de supporter l’effort de quatre rondes de golf en compétition, et encore moins de toute une saison. Depuis trois ans, il n’avait participé qu’à quelques rares tournois et la qualité de son jeu demeurait inconnue. Il a terminé É23 à l’Omnium Farmers Insurance en janvier, puis est tombé sous le couperet à Riviera, ce qui a fait douter tout le monde des réelles capacités du Tigre. Cet échec a cependant semblé motiver davantage le vétéran de 42 ans, qui a décidé d’ajouter le Championnat Valspar à son programme. Ce tournoi qu’il n’avait jamais disputé jusqu’alors lui a permis de dissiper tous les doutes quant à sa capacité, et à sa volonté, de compétitionner. Tiger a pris la tête du tableau le vendredi et, après un samedi passable, il a joué dimanche au sein de l’avant-dernier duo, à seulement un coup du meneur, le Canadien recrue Corey Conners. Jouant plus d’une heure avant le peloton de tête, Paul Casey a inscrit un formidable score de 65 pour rentrer au pavillon avec son nom au sommet du tableau. Woods a débuté sa ronde finale par un oiselet, puis n’a pas réussi à faire mieux qu’aligner les normales jusqu’au 17e trou. C’est alors qu’un coup roulé de 45 pieds pour l’oiselet l’a hissé au second rang avec un dernier trou à jouer. Le Tigre serait-il capable de réussir un autre oiselet pour obliger la tenue d’une prolongation? Pas tout à fait, mais la Tigermanie était relancée, plus que jamais.

#6 Le Tournoi sur invitation Arnold Palmer

Le monde du golf ne savait trop quoi penser, depuis plus d’un an, de ce qui se passait du côté de Rory McIlroy. Presque toujours absent des tournois majeurs, sans aucune victoire depuis le Championnat de la PGA 2016, l’Irlandais du Nord demeurait une énigme quand il s’est pointé au Bay Hill d’Orlando. Bien qu’il soit l’un de ceux qui monopolisent le plus d’attention à chaque fois qu’il prend le départ, tout le monde n’en avait que pour Tiger Woods, cette semaine-là, lui qui venait de clôturer le Championnat Valspar deuxième ex æquo le dimanche précédent. Il faut savoir que le Tigre possède le parcours de Bay Hill, en termes de compétition, avec ses sept victoires au tournoi créé par Arnold Palmer. Mais rien ne stimule plus McIlroy qu’une occasion de se mesurer à Woods et, avant même le premier coup de départ, le duel était engagé. Finalement, dimanche, un peloton serré de concurrents se disputait la tête du tableau, dont McIlroy, Henrik Stenson et Bryson DeChambeau. Woods tirait de l’arrière par cinq coups, mais au neuf de retour, sous les encouragements d’une foule surexcitée, il est parvenu à se hisser jusqu’à un coup des meneurs. C’est alors qu’au 16e trou, il a raté son coup de départ, envoyant sa balle hors limites, et c’en était fini de la Tigermanie 2.0 pour le moment. Pendant ce temps, McIlroy avait décidé de gagner et, après avoir enfilé une série d’oiselets aux 13e, 14e, 15e et 16e trous, il a calé un roulé de 25 pieds au 18e pour triompher avec une victoire par trois coups. Rory était de retour!

#5 L’Omnium des États-Unis

Seulement six golfeurs ont remporté deux championnats consécutifs de l’U.S. Open, le dernier étant Curtis Strange en 1988 et 1989. Le champion en titre Brooks Koepka avait conquis son titre sur un terrain très ouvert et plutôt mou à Erin Hills, en 2017, grâce à une stratégie de jeu favorisant la distance et la précision, qui convient à la plupart des tournois réguliers du Circuit de la PGA mais donne généralement de piètres résultats en championnat national. Et tout particulièrement à Shinnecock Hills, un parcours semé de verts trompeurs et offrant des conditions de jeu extrêmes. Qui plus est, Koepka n’était pas tout à fait le favori des connaisseurs, sa victoire précédente étant en grande partie attribuée à la chance. Bien sûr qu’il peut claquer sa balle sur de longues distances, mais serait-il capable de composer avec les verts capricieux et les herbes longues tentaculaires de Shinnecock? Le no 1 mondial Dustin Johnson a donné tout ce qu’il avait pour l’abattre, tout comme le titulaire du Masters Patrick Reed et le gros bûcheur Tony Finau. Le Britannique Tommy Fleetwood a pour sa part joué 63 dimanche, mais rien n’a semblé déstabiliser Koepka qui a montré qu’il savait mieux jouer ses coups roulés qu’on pensait et prouvé que son titre de 2017 n’était pas un coup de chance. Et pour ajouter un point d’exclamation à la saison de Koepka, en plus de cette deuxième victoire à l’U.S. Open, il a conquis son troisième titre majeur en carrière quand il a remporté le Championnat de la PGA en août. De la chance? Vraiment pas!

#4 L’Omnium britannique

Francesco Molinari a l’air d’un gars bien ordinaire, du genre à se rendre au travail en autobus et à passer ses weekends à jardiner et jouer au soccer avec ses enfants. Bref, il n’a rien de l’athlète de calibre mondial ou de golfeur champion de l’année. Il travaillait discrètement sur le Circuit européen, n’ayant récolté que quatre victoires en 12 ans de métier. C’était avant la saison 2018. Sa victoire au Championnat d’Europe BMW en mai, puis une autre au tournoi Quicken Loans en sol nord-américain, l’ont propulsé sous les feux de la rampe à Carnoustie pour la 147e édition de l’Omnium britannique. À la ronde finale du dimanche, il n’était qu’à trois coups des meneurs Jordan Spieth, Xander Schauffele et Kevin Kisner. Tiger Woods, Rory McIlroy et Justin Rose n’étaient pas loin, eux non plus. Alors que le peloton de tête reculait, Woods et Molinari se sont retrouvés en compétition pour le titre. Quand Tiger a cumulé deux doubles bogeys aux 11e et 12e trous, l’Italien a calmement joué la normale pour s’accaparer une avance de trois coups qu’il n’allait jamais perdre. Comme quoi, même les gars ordinaires peuvent devenir champions.

#3 La Coupe Ryder

Dans le domaine des courses serrées, la Coupe Ryder 2018 ne fait pas le poids: dès le premier jour, les jeux étaient faits. Les Américains ont gagné les matchs du matin par 3-1, mais l’Europe a repris la tête en écrasant les États-Unis 4-0 aux quatuors de l’après-midi. Samedi, l’écart s’est creusé, Francesco Molinari et Tommy Fleetwood s’accaparant de nouveaux records individuels avec 4-0-0. Mais on se souvenait de la Coupe Ryder 1999, quand Ben Crenshaw avait rallié ses troupes pour renverser un énorme déficit de 10-6 et remporter la coupe, et aussi celle de Medinah, en 2012, lorsque l’Europe avait réussi le même genre d’exploit pour triompher. Dimanche matin, au Golf National de Paris, l’Europe détenait la même avance de 10 à 6. L’Histoire allait-elle se répéter? Pas cette fois. Les Européens sont à peu près imbattables sur leur terrain depuis 25 ans, et aucun joueur du clan ne relâchait la pression. Jon Rahm a trouvé l’extase en défaisant Tiger Woods. Ian Poulter et Dustin Johnson ont fait un duel épique jusqu’au gain de Poulter par 2-1. Finalement, c’est la victoire du gars bien ordinaire Molinari sur Phil Mickelson qui s’est avéré le moment clé de cette Coupe Ryder. L’Italien a inscrit un record de 5-0-0 pour mener l’Europe à la conquête de la Coupe Ryder 2018 par 17½ à 10½.

#2 Le Championnat du Circuit

En septembre, il était devenu évident que le Tigre était de retour. Il était passé proche de la victoire au Valspar et avait approché la tête du tableau à l’Omnium britannique et au Championnat de la PGA. Il affichait six finales dans le top 10 cette saison, mais aucune victoire. Quand il est arrivé à Atlanta pour le Championnat du Circuit, il avait joué autant de tournois qu’il avait l’habitude de le faire autrefois, quand il était plus jeune et bien moins couturé de cicatrices chirurgicales. Il avait l’air fatigué, aussi. Mais même sans aucune victoire cette année, il avait rallumé la flamme de la Tigermanie et ses cohortes d’admirateurs lui en souhaitaient au moins une à East Lake. Woods ne les a pas déçus. Même s’il a trébuché dimanche avec deux bogeys au retour, il a retrouvé son sang-froid pour sauver la normale au 17e trou et conserver son avance de deux coups. Sa normale sur le 18e aurait été tout à fait ordinaire s’il n’y avait pas eu cette immense foule autorisée à le suivre dans l’allée, alors qu’il cheminait vers sa 80e victoire sur le Circuit de la PGA, sa première en cinq ans. En cette année où plusieurs disettes de longue durée ont enfin connu leur dénouement, aucun n’a été aussi beau à voir que cette dernière victoire du Tigre.

#1 L’Omnium féminin CP

Tout golfeur professionnel, quel que soit son pays d’origine, vous dira qu’après un titre majeur, c’est une victoire au championnat national de son propre pays qui est la plus gratifiante. Dans certains pays, la compétition n’est peut-être pas aussi menaçante, mais quand il s’agit d’un championnat faisant partie d’un circuit professionnel comme la PGA ou la LPGA, ça se traduit par un tableau regroupant l’élite mondiale. La dernière fois qu’un golfeur canadien a remporté l’Omnium du Canada, c’était en 1954, quand Pat Fletcher s’est emparé du trophée au Point Grey Golf Club de Vancouver. Du côté des golfeuses, Jocelyne Bourassa était la dernière à l’avoir fait, lors de l’édition inaugurale de La Canadienne sur le Circuit de la LPGA en 1973. Àa faisait donc un bail: 64 ans pour les hommes, 45 pour les femmes. On sait tous combien Mike Weir s’est approché du titre et défaisant presque Vijay Singh à Glen Abbey en 2004, mais la disette nationale, et la frustration qui l’accompagnait, continuait. Jusqu’à cet été, quand la jeune golfeuse de 20 ans Brooke Henderson a pris la tête du peloton en ronde finale de l’Omnium féminin CP à Regina et l’a gardée jusqu’à ce qu’elle s’empare du gros trophée d’argent et que la foule entonne un Ô Canada bien senti. Émouvant!

Voilà, c’était mon top 10 de 2018. Si vous n’êtes pas d’accord ou avez d’autres suggestions à faire, n’hésitez pas à me le faire savoir!

Peter Mumford est rédacteur en chef de Fairways Magazine. Suivez-le sur Twitter @FairwaysMag.